Langue de Pub
Voilà une agréable surprise ! Avec son bon gros jeu de mots, cet ouvrage pourrait nous laisser croire que nous allons avoir droit à un déballage de ragots sur ce métier qui fait autant d’envieux (ceux qui veulent l’exercer) que de frustrés (ceux qui l’exercent). Eh bien, vous n’y êtes pas du tout… car si Langue de Pub est un livre distrayant, il est d’abord pédagogique. Vous y trouverez tout ce qu’il faut savoir sur la publicité, ses métiers, ses codes, son jargon, ses figures de légende, ses mythes. Cela va de la génération Z (hyper connectée à ne pas confondre avec la Y ou la X) à Madame Michu (comme la femme de Colombo, toute monde la connaît mais personne ne l’a jamais vue), en passant par des termes aussi barbares que nommagitage (version française du name dropping), beamvertising (un croisement entre affichage urbain, street art et guérilla marketing), perverted crowdsourcing (l’exploitation consentie des créatifs débutants qui acceptent de travailler pour des salaires ridiculement bas voire pas de salaire du tout), U SNAP (flash code très discret lancé par l’afficheur JC Decaux) ou encore QQOQCP (là, je vous laisse deviner !).
Les apprentis publicitaires y trouveront des réponses à leurs (nombreuses) questions, les plus expérimentés découvriront les définitions de métiers qui n’existaient pas quand ils ont démarré leur carrière et rêveront peut-être d’entamer une reconversion, bref, il y en a pour tout le monde, même ceux qui ne comptent pas en faire leur métier mais qui ont quand même envie de voir à quoi ça ressemble de l’intérieur. Car la publicité, la pub – comme on dit de moins en moins car aujourd’hui on parle surtout de communication -, ne laisse personne indifférent, elle exaspère ou elle passionne. D’une certaine façon, on entre dans la publicité un peu comme on entre en religion, avec une foi à déplacer les montagnes. Les meilleurs la gardent durant toute leur carrière ou du moins ne font jamais publiquement part de leurs doutes. Les autres en sortent au bout d’un certain temps, volontairement ou pas, pour monter des restaurants ou des galeries d’art quand ils ne s’autoproclament pas consultants.
Comme toutes les bonnes choses, Langue de Pub est un ouvrage à consommer avec modération car les informations qu’il contient sont denses, mais il trouvera très certainement sa place dans votre bibliothèque à côté des confessions de David Ogilvy, des mémoires de Jacques Séguéla, des souvenirs de Marcel Bleustein-Blanchet et des pensées de Philippe Michel.
Jean-François Fournon
Langue de Pub, le kit de survie du publicitaire, de Babette Auvray-Pagnozzi chez Eyrolles